Parole de témoin

E. Bettems
Présence des Eglises au monde
« Ce qui justifiera la survie du christianisme, c’est sa capacité de rendre service aux hommes ici, d’apporter quelque chose qui leur soit compréhensible, qui puisse être entendu par tous — et qui ne sera plus seulement l’entretien d’une boutique, coûte que coûte, mais un service de tous. La chrétienté, ou les chrétiens, ou les communautés se réclamant du christianisme intéresseront alors les autres, cesseront d’être anecdotiques, cesseront d’être une sorte de discours particulier, que se tiennent entre eux certaines gens…
Ceux qui ne seront pas experts en humanité ne survivront pas, et c’est notre capacité d’être cela, de dire quelque chose qui soit, dans cette disette de sens, porteur de sens. Ce qui veut dire que la fonction d’une communauté ecclésiale, … - nos paroisses … - sera de maintenir cette tension entre une vie intérieure (le culte et la prière), qui la maintient comme communauté, et une vie extérieure qui l’expose à tous les yeux.
Ne survivra que la communauté qui saura réaliser cet équilibre entre une circulation intérieure de service, ce que Paul appelait les dons de l’Esprit, les charismes, et une activité extérieure. Puisqu’il y a une vie intérieure, il y a organisme ; mais cet organisme n’a le droit d’avoir une vie intérieure que si la lutte est extérieure…
Et c’est l’art de faire tenir ensemble poésie de la vie interne et prose du rapport au monde d’une communauté qui décidera de cette survie. »
Paul Ricoeur, Plaidoyer pour l’utopie ecclésiale (1967), Labor et Fides, 2016, p. 56-57.
Par frère Lucas Onana op
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