La communion à la coupe
A la Mission, il est possible de recevoir la communion au corps mais aussi au sang du Seigneur. Comme cette pratique est plutôt rare dans les paroisses, cela en étonne plus d’un.
Et pourtant, ne devrions-nous pas plutôt être étonnés au contraire qu’il y ait si peu d’endroit où il est proposé aux fidèles de communier à la « coupe du Salut » !? Après tout, Jésus n’a pas seulement dit « prenez et mangez ceci est mon corps » en tendant le pain. Mais encore en donnant la coupe : « prenez et buvez, voici mon sang versé pour vous et la multitude » !
Il est vrai que la foi des chrétiens a toujours tenu qu’une seule des deux « espèces », le pain ou le vin, suffisait. Mais pourquoi se contenter du minimum vital lorsque Jésus nous offre toute sa personne : son corps et son sang.
Et attention ! Le « sang » à l’époque de Jésus cela signifie plus qu’un peu de liquide rouge qui perle à mon doigt quand je me pique. Le sang qui circule et vivifie le corps était pour les anciens la vie même. Le sang symbolise ainsi un aspect plus dynamique de la vie que le corps seul. D’où d’ailleurs son lien privilégié avec le vin qui « réjouit le cœur de l’homme » (Ps 103).
Communier au sang du Christ, en plus de se nourrir de son corps, c’est donc se laisser entrainer dans le mouvement joyeux et vivifiant de la vie divine !
« Alors pourquoi ne le fait-on pas partout ? », me direz-vous. C’est une bonne question.
D’abord certains peuvent avoir vaguement l’impression que la communion à la coupe est interdite aux laïcs et réservée aux prêtres. Cette idée vient du fait que la communion au sang fut en effet réservée au ministre seul par le concile de Trente au XVIe siècle. Mais la raison de cette interdiction, c’était de s’opposer aux protestants qui communient sous les deux espèces (à la même époque, on interdisait la lecture privée de la Bible pour la même raison).
Heureusement l’Église ne pouvait pas se priver longtemps d’une chose aussi belle et essentielle sous prétexte que « cela fait protestant » ! Le concile Vatican II finira donc par lever cette interdiction.
Reste les questions pratiques et hygiéniques qui sont souvent la véritable raison pour laquelle si peu de paroisses offrent la possibilité de communier à la coupe. C’est vrai qu’il est plus difficile de doser le vin dont ne pourra réserver le surplus une fois consacré. C’est vrai, qu’en période d’épidémie, l’on risque la contamination si l’on boit tous à la même coupe. C’est vrai surtout que le risque de renverser un peu du précieux sang est réel.
Mais ces difficultés sont-elles vraiment insurmontables ? Ne serait-il pas envisageable, au prix de quelques efforts pour la communauté, de rendre cela possible ? Accepter que parfois, il n’y aura pas assez de vin consacré ; avoir confiance que ceux qui sont malades s’abstiendront ; prendre le plus grand soin lorsque nous communions à la coupe (surtout par intinction), etc.
Devant la chance immense que représente la possibilité de communier non seulement au corps mais encore au sang du Christ, chacun restera libre de s’avancer ou de passer en s’inclinant respectueusement, mais tous pourront se réjouir de cette coupe qui leur présente le sang très saint jailli du cœur du Christ pour la vie du monde !
Frère Pierre Martin de Marolles op
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